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  • : James JOYCE à Saint-Gérand-le-Puy
  • : Informations, échanges sur la vie et l'oeuvre de Joyce. Thèmes de rencontres, conférences, tables rondes. Evènementiel : "Le jour d'Ulysse" Musée et bibliothèque Anna Livia Plurabelle. Balade "Sur les pas de Joyce à Saint-Gérand-le-Puy".
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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 21:01
Joyce à Saint-Gérand-le-Puy = 1939-40       
 
1939
 
Fin 1938 – JOYCE achève Finnegans Wake – 2 février 39 (anniversaire de JOYCE) = un exemplaire relié de Finnegans Wake est prêt – banquet offert par JOYCE (Helen femme de Giorgio est sortie de sa dépression, et rentrée de Zurich à Paris - brève accalmie : en avril 39, elle sera ré hospitalisée en Suisse à Montreux, elle y passera tout l’été 39)- le livre ne sera publié qu’en mai –
 
HITLER occupe la Tchécoslovaquie – et la guerre paraît imminente – les JOYCE changent d’appartement (le bail venant à expiration, ils quittent l’appartement de la rue Edmond VALENTIN, et s’installent dans un petit appartement, 34 rue des vignes, dans le XVI°, près de chez Giorgio – beaucoup d’amis de JOYCE quittent Paris – JOYCE remet à Paul LEON 8 jeux d’épreuves de Finnegans Wake, à envoyer à Miss WEAVER à Londres - Nora pendant le déménagement détruit une grande partie de sa correspondance avec JOYCE (à Maria JOLAS : « elles ne regardent personne – de toute façon, il y en avait peu – nous n’avons jamais été séparés » - en réalité la correspondance laissée à Trieste : les années 1904,1909,1917, sera conservée )
 
Eté 39 = Stephen en colonie de vacances à Etretat – Helen réapparaît en septembre.
Sept 39 = début de la guerre – invasion de la pologne. Eugène JOLAS a regagné l’Amérique – Maria JOLAS s’apprête à replier son école chez Mme de ROZIERES, au château de la Chapelle à Saint-Gérand-le-Puy – Helen (44ans) fait plusieurs crises (elle a la garde de Stephen) –
L’exode s’intensifie – JOYCE et Nora vont à la Baule, pour le transfert de Lucia (elle arrive le 15) – Giorgio demande à P LEON d’écrire à Robert KASTOR pour renvoyer Helen à New York – refus de LEON d’où brouille avec JOYCE!
Giorgio récupère Stephen (quasiment kidnappé) et les JOYCE décident de rentrer à Paris pour aider Giorgio - JOYCE ne reverra plus sa fille.
 
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10 mai 2007 4 10 /05 /mai /2007 21:04
Retour à paris – froid de canard en octobre dans l’appartement non chauffé – les JOYCE décident de s’installer au Lutétia, boulevard Raspail
Helen sera internée à Suresnes (R. KASTOR vient lui rendre visite mais ne peut ramener sa sœur trop agitée).
Novembre 39 = Nora et JOYCE décident d’envoyer Stephen à l’école de Maria JOLAS- qui vient de s’installer à Saint-Gérand-le-Puy. –
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9 mai 2007 3 09 /05 /mai /2007 21:06
La veille de Noël, laissant tout dans leur appartement, JOYCE et Nora prennent la direction de Saint-Germain-des-Fossés, (conduits à la gare par BECKETT) – Ils débarquent le 24 décembre 39 -  Giorgio les accompagne –
Ce sont les vacances de Noël – tous les élèves sont partis à l’exception de Stephen et des deux filles de Maria JOLAS – elle loge à l’orangerie du château, où l’école est installée - - l’Hôtel du Commerce (Sarrassat) aujourd’hui détruit, accueille les grands garçons et sert d’annexe – les JOYCE posent leurs valises à l’Hôtel de la Paix, où 2 chambres leur sont réservées –
Dîner de Noël à la Chapelle - JOYCE saisi de crampes doit se coucher jusqu’à ce que les douleurs s’apaisent – il touche à peine au repas, mais boit (du blanc, électricité), et à la fin de la soirée, se met au piano et chante de vieux airs irlandais – il s’approche de Maria JOLAS et l’invite à une valse sur le perron (« allons, vous savez bien que c’est le dernier Noël »)
Nora persuade JOYCE de laisser Giorgio repartir seul à Paris et ils s’installent à l’Hôtel de la Paix – Maria JOLAS  dîne une fois par semaine avec eux et les JOYCE viennent prendre le thé et écouter la radio chez elle le dimanche.
JOYCE lit les Conversations de GOETHE avec ECKERMAN, mais sa vue est très déficiente – et la lumière de la chambre faible.
 
L’Hôtel du Commerce sert de dortoir aux élèves et aux professeurs de l’école, qui se rendent à vélo au château de la Chapelle chaque jour.
L’errance s’est poursuivie pour les JOYCE jusque dans Saint-Gérand-le-Puy – Ils déménageront 4 fois en un an !
1)       Hôtel de la Paix (jusqu’à Pâques 40) – JOYCE se rend quelques fois à l’église
2)       Château de la Chapelle (vacances scolaires de pâques)
3)       au retour des élèves, ils emménagent à Vichy, qu’ils préfèrent, à l’Hôtel du Beaujolais – ils rendent visite à LARBAUD, paralysé et aphasique depuis 35) – mais en juin 40, ils sont délogés par l’installation du gouvernement de Pétain, qui réquisitionne tous les hôtels de vichy.
4)       Retour à Saint-Gérand-le-Puy – bref séjour dans l’appartement d’une femme hospitalisée, et qui mourra peu après, puis retour à l’Hôtel du Commerce jusqu’en octobre, où ils occupent le premier étage de la maison d’une Madame PONTHENIER  (c’est là que se trouve la plaque commémorative)
 
JOYCE a été affecté par le médiocre accueil réservé à Finnegans Wake.
 
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9 mai 2007 3 09 /05 /mai /2007 21:00
2 Février 40 = on fête son anniversaire (58 ans) – et celui de Stephen - (BECKETT est venu en compagnie de Giorgio).
 
Les journées passent – JOYCE déambule dans Saint-Gérand-le-Puy  – long pardessus noir (quelquefois cape), lunettes, canne et cailloux dans les poches pour se protéger des chiens, dont il a la phobie (« ils n’ont pas d’âme » !) – « Marche lentement, en faisant de grands pas, buste bien droit » (témoignage de Simone MAUPERTUIS, alors femme de chambre à l’Hôtel de la Paix).
 Mutisme fréquent – parle au coiffeur CHASSAGNETTE, dit ‘ Bouboule ‘, « quand il n’y a personne » !... il passe pour un drôle de bonhomme, « Jouasse »…On sait vaguement que c’est un grand écrivain, sans plus – il boit sec !
 
Ses promenades le conduisent jusqu’au lavoir. Mais qu’en a-t-il pensé ? le lecteur de Finnegans Wake songe aux discussions entre les lavandières, d’une rive à l’autre de la Liffey, et il est possible que les camaïeux de vert du Bourbonnais lui aient rappelé l’Irlande – c’est tout ce que peut conjecturer la rêverie du lecteur – Mais à contrario, la vie à la campagne a sûrement pesé au citadin qu’il était, et il a dit au moins sa lassitude de vivre à « Saint-Tampion-le-Machin » - n’idéalisons pas trop vite le séjour, qu’il a certainement vécu sur un mode peu réjouissant (comme l’attestent les quelques témoignages écrits qu’il a laissés) – Si la notoriété du village doit aujourd’hui quelque chose à JOYCE, il est possible que ce soit à son corps défendant. J. AUBERT a eu raison de noter, sur la plaque commémorative, que l’année 40, la dernière de sa vie, a été une année noire : noire pour tous, et singulièrement pour lui.
Cela, bien évidemment, n’interdit pas l’hommage que Saint-Gérand-le-Puy a tenu à lui rendre. Au contraire ! La part d’ombre n’a pas terni l’œuvre, elle l’a rendu plus forte. Car une chose au moins est certaine. Jusqu’au bout, à Saint-Gérand-le-Puy, il a « ajouté des virgules » et corrigé Finnegans Wake.
 
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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 21:09
Le dimanche, à l’Hôtel de la Paix, les JOYCE accueillent Stephen, et « Nonno », le grand-père raconte les aventures d’Ulysse à Stephen, jusqu’à l’heure du déjeuner (assis sur le lit du grand père, qui raconte, en robe de chambre, une cigarette au bec)– Joyce lit les Conversations de GOETHE avec ECKERMAN
 
Le printemps est aigre cette année 40, il neige encore en avril – Quelques amis lui rendent visite BECKETT, et Georges PELORSON, qui passe le 14 avril, avant de rejoindre son régiment : ils parlent des Gracques, auxquels JOYCE s’intéresse, et sur  lesquels PELORSON vient d’écrire un long poème.
Les jours se traînent au village – JOYCE se lève tard -  « se lever ici, pour quoi faire ? » - Il est souvent muet comme une tombe – un jour il va prendre le thé avec Nora chez une réfugiée (Mrs Muriel ELLIOTT) dont l’enfant était à l’école de Mme JOLAS – Nora : « vous voyez un homme qui n’a pas dit un mot de la journée » - JOYCE ; « qu’est-ce qu’on peut bien dire après trente ans de mariage ? – Mrs Elliott : « vous pourriez au moins dire bonjour » - réponse de JOYCE : un grognement… (cf. ELLMANN, t 2, 394)
Il parle quelquefois avec Maria JOLAS de l’éducation des enfants (Maria JOLAS souligne qu’il avait « beaucoup réfléchi » sur les méthodes d’éducation (cf.p52) – un jour il attaque avec véhémence les méthodes catholiques – Maria JOLAS : « vous m’attristez, moi qui donne à mes enfants une éducation catholique «  - JOYCE : Oh ! C’est différent en France. En Irlande le catholicisme, c’est de la magie noire ». (il reprendra ce thème avec PELORSON au moment des fêtes de Pâques, en faisant l’éloge de la liturgie et en plaisantant les Dominicains, comme le faisaient ses maîtres au Belvédère)
 
Une des toutes dernières soirées à l’Hôtel de la Paix réunit les JOYCE, Maria JOLAS, et PELORSON, (dont la femme est « un de nos meilleurs professeurs (…) depuis plusieurs années attachée à l’Ecole » p52) – PELORSON deviendra « un collaborateur notoire » (JOLAS après l’armistice) – Au cours du dîner il demande à JOYCE: « Qu’allez-vous faire ? Ecrire ? » - « Non, dit JOYCE, je relis et révise Finnegans Wake » - « Pourquoi ? » - « Eh bien, j’ajoute des virgules. » - « Projetez-vous un nouveau livre ? » - « Oh non » - puis JOYCE ajoute : Et puis, si. Je crois que j’écrirai quelque chose de très simple et de très court. » (ELLMANN, 394)
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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 21:10
En avril, Maria JOLAS invite les JOYCE à venir chez elle au Château de La Chapelle, en l’absence des enfants pendant les vacances de pâques (ils ne seraient pas dérangés : « aucun enfant, pas même les miens, ne les dérangerait pendant une quinzaine de jours » Maria JOLAS, p52) –au grand étonnement de Maria JOLAS (« comme beaucoup d’artistes, JOYCE avait peu de goût pour la vie en commun ») accepte –
BECKETT débarque de Paris, et « les journées filèrent dans le calme du beau parc (…) et dans le plaisir de faire un peu de musique ensemble » (52)
 
 
Les JOYCE ont quitté définitivement l’Hôtel de la Paix, et à la veille de la rentrée des classes, ils repartent pour Vichy cette fois, à l’ Hôtel Beaujolais – A Vichy, JOYCE trouve ce qui lui manquait à Saint-Gérand-le-Puy: « les ressources de plusieurs librairies ainsi que quelques cinémas et cafés agréables », et « il semble s’ennuyer beaucoup moins » (JOLAS, 53) –
JOYCE rend visite à LARBAUD, paralysé et aphasique depuis 1935 (par sympathie et gratitude, il tiendra à ce qu’une photo de lui figure dans l’autobiographie que GORMAN rédige).
JOYCE parle peu de la guerre – il a pressenti tout de suite ce qu’on allait appeler ensuite la « drôle de guerre » - il est perplexe : « qu’est-ce qu’un peuple aussi intelligent que les français pouvaient bien penser d’une guerre pareille ? » (JOLAS, 52) – Mais soudain la guerre devient moins drôle : occupation du Danemark, invasion des allemands en Norvège, et à partir de là JOYCE ne nourrit plus d’illusion sur l’évolution de la guerre.
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6 mai 2007 7 06 /05 /mai /2007 21:12
Cf. la lettre de Maria JOLAS à son mari in ELLMANN, (t 2,395)- à lire - Maria JOLAS fait état de la situation des JOYCE, « désespérée sur bien des points » - ils s’accrochent à elle et n’ont personne d’autre – la rupture avec P. LEON les a privés d’une aide précieuse pour leurs affaires, le problème financier est aigu – Giorgio « s’enveloppe de mystère »…
Et surtout JOYCE ne cesse de se tourmenter pour Lucia à Pornichet – il cherche à la rapprocher de Saint-Gérand-le-Puy – visite à l’hospice de moulins (cf. p 53 JOLAS et 395 ELLMANN) – mais aux complications du transfert s’ajoutent les événements – après l’invasion du Danemark et de la Norvège, en avril, la Belgique, la France et les pays bas sont envahis en mai – la Belgique se rend le 28 mai, et l’Italie entre en guerre le 10 juin -  Paris tombe le 14 juin, et l’Hôtel Beaujolais est réquisitionné.
(Anecdotes du livre réclamé à Maria JOLAS par JOYCE (ELLMANN, 395) et du chèque endossé par LARBAUD pour tirer d’affaire BECKETT, sans un sou)
Le dimanche 16 juin, (jour de bloom !), les JOYCE arrivent à la chapelle, à la recherche d’un gîte – ils sont rejoints par Mme Paul LEON, son père et sa belle-sœur (qui ont fait l’exode depuis Beaugency) – on s’efforce de caser ce petit monde (quelques lits de fortune installés au château ) – les JOYCE, quant à eux, occupent un petit appartement à Saint-Gérand-le-Puy où une jeune anglaise, mère d’un des élèves de Maria JOLAS est gravement malade dans une clinique de vichy, avait vécu – Giorgio réapparaît, ayant pu quitter Paris à temps – (sa femme avait été emmenée aux USA par son frère R.KASTOR – elle se rétablit en Amérique, ,mais ne revint jamais – elle est morte en janvier 1963) – et Paul LEON suit, dans une voiture tirée par un âne (en s’excusant : « Notre Seigneur est entré à Jérusalem sur un âne)- JOYCE se réconcilie avec lui (LEON, ironique : « expliquons-nous entre soldats » - JOYCE même ironie : « et dans l’honneur »)
Bien se représenter le contexte = à Saint-Gérand-le-Puy, dans ces jours de l’exode, le flot des réfugiés grossit sur la route, et chaque jour de nouveaux arrivants se pressent.
 
Le 18 juin, Maria JOLAS reçoit une lettre de JOYCE, datée ainsi : « le 18 juin, Waterloo, 1940, avec cette mention : « à déchirer aussitôt lue » - JOYCE demande à Maria JOLAS de dire aux allemands, qu’on attend d’un moment à l’autre, que son fils est attaché à l’école, comme prof d’italien ou de chant…
Giorgio sortira sans être inquiété par les allemands – qui le laissent tranquille – il a pris soin de ne pas signaler sa présence à la mairie.
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5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 21:14
Les allemands occupent Saint-Gérand-le-Puy six jours, puis se retirent derrière la ligne de démarcation –
Le 1 juillet, Maria JOLAS décide de se retirer à l’hôtel Sarrassat (Hôtel du Commerce) avec ce qui lui reste de profs et d’élèves – la moitié sont partis – les JOYCE se joignent à eux, car la malade de vichy est rentrée dans son appartement dans un état désespéré – elle mourra dix jours après, veillée avec grand dévouement par sa belle-mère française – le jour de sa mort, c’est JOYCE qui remplace Maria JOLAS, appelée à faire des courses à vichy, auprès de ces deux femmes qu’il connaissait à peine.
Les LEON ont rejoint également l’Hôtel du Commerce – tandis que tout le monde écoute la radio, pour savoir quand pouvoir regagner Paris, Joyce consacre chaque jour quelques heures à corriger les fautes d’impression de Finnegans Wake avec l’aide de Paul LEON – rencontre ponctuelle à 15 h - et avant le dîner JOYCE en douce allait siffler deux ou trois verres d’eau de vie de sorbe ! (c’est la gnole du coin, une gnole rude, bue par les paysans, et qu’on donne aussi aux bêtes, quand elles « gonflent », pour permettre aux gaz de s’échapper ! témoignage de René REVIRON) – Nora, qui ne se doutait de rien, quand il revenait un peu hagard, remarquait : « Voyez-moi ça : il ne peut même plus supporter un verre de vin » - Pendant toute cette période la santé de JOYCE décline et il commence à se sentir très mal.
(remarque = alors qu’il loge chez Sarrassat, un des chefs les plus réputés, célèbre pour ses écrevisses aux champagne, son râble de lièvre ou ses mille feuilles, il ne fait aucun cas de la cuisine…)
 
A partir de là, « commence la chasse aux nouvelles, aux papiers, au ravitaillement quotidien » (Maria JOLAS, 55) – Tous cherchent la solution à deux questions «  que faire ? Où aller ? » - il n’est plus possible de rester à Saint-Gérand-le-Puy indéfiniment.
 
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4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 21:16
La première à partir est Lucie LEON (elle avait toujours son emploi au New York Hérald tribune, et veut retrouver son appartement - La situation de LEON était beaucoup plus critique – JOYCE l’exhortait à ne pas aller se jeter dans les pattes des nazis - mais LEON prit le risque et il partit en septembre.
A Paris, LEON sauva quelques livres et papiers de l’appartement de la rue des Vignes, et en racheta quelques uns dans une vente illégale faite par le propriétaire de l’appartement. Puis il déposa les papiers entre les mains de l’ambassadeur d’Irlande en France occupée, O’Kelly, avec mission de les confier à la Bibliothèque Nationale d’Irlande (où ils demeurèrent 50 ans sous scellés) – il vécut clandestinement jusqu’en 1941 – BECKETT, l’ayant rencontré lui recommanda de partir immédiatement – LEON : « j’attends jusqu’à demain , mon fils passe son bac » – le lendemain, il était arrêté et interné près de Paris – en 1942, il est tué comme juif par les nazis.
 
Entre temps, Maria JOLAS avait reçu un câble de son mari, qui la pressait de quitter la France- début août, elle se rend à Marseille pour faire mettre en ordre son passeport et celui de ses deux filles. – à son retour elle conseille à JOYCE (c’était possible) de faire partir toute la famille – Lucia comprise – pour les USA  (avion) – mais les avions et l’Amérique ne convenaient pas à JOYCE, qui médite alors (comme il l’avait fait pour la 1ère guerre mondiale) de gagner la Suisse. – ses amis GIEDION insistent pour qu’il rejoigne Zurich.
Maria JOLAS part le 28 août- JOYCE lui confie ses corrections qui seront reportées sur le texte de Finnegans Wake – il lui envoie un télégramme à Lisbonne,  lui disant qu’il en a « soupé de Saint-Tempion-le-Machin » (JOLAS, 58, ELLMANN, 398) –
 
Le 7 septembre, il lui adresse une lettre (à lire intégralement dans ELLMANN, 398-99) où il écrit :
« A la gare, je n’ai littéralement pas eu la force de vous dire ce que je voulais après les efforts que j’avais faits avec ces caisses et ces valises. Vous aviez l’air abattue. Si vous n’avez jamais rien fait d’autre, du moins vous avez fait le bonheur d’une kyrielle d’enfants pendant des années. Quand ils seront devenus des jacobins, des comtesses, des saints ou des explorateurs, ils s’en souviendront toujours – dans leurs instants de sobriété. Mais le Seigneur sait que vous avez fait davantage. 
(…) Dialogue.1980. Portail lilas. USA. Epoque : Printemps. Elle (reposant un exemplaire de Comment se débarrasser des Parasites) : J’y songe. Comment s’appelait cette famille qui avait toujours des histoires en Europe ?
Lui (prenant la cruche) : Aucune idée.
Elle : L’homme était borgne. N’était-ce pas Borniol,
Lui (reposant la cruche) : Joie
 (en anglais jeu de mots: « The man had a wall eye: was it Wallenstein ? – Jucious)
Elle: JOYCE, ah, c’est le nom. Je savais que ça avait un rapport avec l’Ecosse.
 Fait rien. Bon voyage. Merci. Au revoir. Vous avez oublié le pourboire, Madame. Pour le
porteur. Fait rien !...
Cordialement vôtre »
James JOYCE       7 septembre 1940
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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 21:22
Sept 40
 
A partir de là, les JOYCE restent seuls et vont multiplier les démarches pour rejoindre la Suisse.
Difficultés multiples pour obtenir un passeport et un visa – il est en rupture de ban avec l’Irlande officielle, séparée de l’Angleterre et devenue indépendante depuis 1921 – il ira jusqu’à refuser un passeport irlandais qu’un ministre lui propose (l’Irlande était pays neutre) – et qui l’aurait aidé à quitter la France occupée – les tractations pour obtenir un visa dureront jusqu’à la fin de l’année 40 (voir ELLMANN).
Difficultés financières – avec la guerre, l’argent va bientôt manquer – JOYCE n’est plus alimenté par ses éditeurs anglais et américains – ni par le grand père de Steven, Adolf KASTOR (très généreux !) – ni par Harriet WEAVER, sa bienfaitrice de toujours – il est obligé de vivre avec la pension que le gouvernement anglais verse à ses sujets coincés en France (JOYCE, on l’a vu a un passeport anglais et non irlandais !)
 
 
Se souvenir de ce qu’il avait confié à Stanislas :
« L’art n’a pas de but, mais il a une cause ». Cette cause c’est « la pressante nécessité intérieure qui pousse l’imagination à faire une nouvelle synthèse de la vie ».
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