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  • : James JOYCE à Saint-Gérand-le-Puy
  • : Informations, échanges sur la vie et l'oeuvre de Joyce. Thèmes de rencontres, conférences, tables rondes. Evènementiel : "Le jour d'Ulysse" Musée et bibliothèque Anna Livia Plurabelle. Balade "Sur les pas de Joyce à Saint-Gérand-le-Puy".
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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 13:57

Joyce  (1882-1941)

Eléments biographiques.

 

Nom intéressant en soi : viendrait de jocax (?) signifierait la joie (?) et serait synonyme (selon Joyce) de Freud(e) ?

Trois grandes périodes de 20 ans chacune :

·         L’Irlande (1882-1904)

·         Trieste (et Zurich) (1904-1920)

·         Paris (1920-1941)

 

1.      L’Irlande

a)      La famille de Joyce

Famille de vieux et petits nobles (portraits des aïeux promenés selon les vicissitudes) irlandais, catholiques. Les parents ont 4 garçons et 6 filles (dont 3 fausses couches). Irlandais donc, mais atypiques : le père est anticlérical. Musicien, comme tout le reste de la famille, c’et un génie raté qui va sombrer dans l’alcool et la déchéance après la mort de Parnell, leader nationaliste auprès duquel il s’était engagé. Il perd du coup son statut de fonctionnaire et la plus gde partie de ses revenus. La maille Joyce va dès lors sans cesse déménager, dès qu’elle ne pourra plus payer les traites et aller vers des logements de plus en plus petits et de plus en plus sordides.

Ces changements financiers auront des répercussions sur l’éducation de JJ.

b)     L’éducation de Joyce

D’abord éduqué chez les Jésuites, dans un excellent collège, les déboires financiers paternels lui font quitter son collège en cours d’année pour aller vers un autre établissement de moindre envergure.

Cette éducation chrétienne a une importance considérable sur la formation de sa culture générale, théologique et philosophique mais aussi sur sa façon d’être et de ressentir les choses : l’emprise de la Contre-réforme et du catholicisme rigoriste de l’Irlande sur les esprits vise à contrebalancer celle du Protestantisme ou de l’anglicanisme, vécus non seulement comme des fois déviantes mais aussi comme les expressions culturelles du colonialisme britannique. Ce catholicisme ancre profondément dans l’esprit de tous les jeunes Irlandais, et de Joyce, les notions de péché et de culpabilité, avec celle, qui leur est corollaire, de l’enfer.

Joyce adolescent et jeune homme, attiré par le péché (le sexe) va s’éloigner de la foi et du folklorisme irlandais qui lui semble lié. Dès lors il éprouvera un mélange d’amour et de dépit pour l’Irlande et Dublin en particulier : il se moque des tentatives régionalistes ; même s’il est d’accord pour un développement culturel local et l’affirmation d’un patrimoine irlandais, il refuse que ce soit au détriment de l’ouverture. Il entend être, comme le disait Ellmann : « un Irlandais d’esprit européen. ».

 JJ sent que l’exil et la création (l’écriture) sont désormais liés et qu’il ne pourrait écrire valablement dans une atmosphère étouffante. Premier départ : Paris en 1902, largement improvisé (à 20 ans).

Rencontre (sexuelle), le 16 juin 1904 de Nora qui sera sa femme : Ulysse’s day ; équilibre entre Stephen Dedalus, l’insurgé et Léopold Bloom, le mari complaisant…

Dès lors, tout dans la vie de Joyce va pouvoir alimenter la vie de son œuvre : « j’essaie de donner aux gens une sorte de plaisir intellectuel ou de joie spirituelle en convertissant le pain de la vie quotidienne en quelque chose qui a par lui-même une vie artistique permanente… pour leur élévation morale, mentale, spirituelle. » (Cité par Ellmann, p. 100)

2.      Trieste et Zurich

JJ quitte l’Irlande avec Nora. Il suit une proposition de poste de prof d’anglais pour l’école Berlitz, qui l’emmène à Trieste où il restera de 1905 à 1914. Trieste n’est pas, à l’époque, une ville anodine : ville italienne, colonisée par l’empire austro-hongrois, sur la côte dalmate, c’est une ville portuaire de mélange, où sont parlées de très n ombreuses langues, avec toutes sortes d’accents. Cette profusion linguistique plaît à Joyce qui va y découvrir Ettore Schmitz, un des plus grands écrivains italiens sous le nom d’Ittalo Svevo.

Pendant cette période, il ne retournera que deux fois à Dublin avec Nora, avec des désillusions sur les capacités d’ouverture culturelle de sa ville.

C’est durant toute cette période qu’il se bat pour faire publier sa première œuvre majeure Dubliners, en butte aux tracasseries des éditeurs anglo-saxons, propices à devancer la censure et qu’il va composer son œuvre la plus connue : Ulysse.

A Trieste, le couple s’agrandit d’un garçon (Giorgio) puis d’une fille (Lucia) et va connaître des difficultés financières multiples et récurrentes (jusqu’à la fin de la vie de JJ), dues à la modestie des salaires de Joyce mais aussi et surtout à son impécuniosité. Joyce ne sait pas gérer l’argent, le dépense royalement dès qu’il en a et sombre de plus en plus dans la boisson. Il fait venir son frère Stanislas, qui va habiter avec eux, travailler et subvenir très souvent aux besoins de la famille de JJ.

Joyce quitte Trieste en 1915 : citoyen britannique, dans l’empire austro-hongrois, dans une ville réclamée par les alliés de l’Angleterre et les ennemis de l’Autriche, il estime qu’il serait plus en sécurité à Zurich. C’est une zone neutre, au-dessus des conflits, comme son œuvre est au-dessus des mouvements littéraires de l’époque et son langage, au-dessus des langues. De plus, Zurich, havre de paix au centre de l’Europe, est un foyer d’intellectuels : on y retrouve aussi bien les dadaïstes (Arp, Max Ernst, Tzara) que Jung ou Lénine. Mais JJ se maintient sur sa réserve, à part des autres grands noms de la culture européenne de cette époque.

A la fin de la guerre, JJ retourne à Trieste en 1919, puis, à l’instigation d’Ezra Pound, il envisage de partir pour l’Angleterre et s’arrête à Paris pour une semaine, en 1920. Il y restera en fait à peu près 20 ans, avec quelques mois de coupure.

 

 

3. Paris

On peut distinguer schématiquement trois périodes dans cette dernière partie de la vie de JJ. Une période littéraire faste allant de 1920 à 1929, une autre douloureuse sur le plan familial et personnel, de v1929 à 1939 et l’année 1940, en pleine tourmente de la seconde guerre mondiale.

a)      Une période faste

A Paris, JJ rencontre des gens qui s’intéressent à son œuvre : aux Gens de Dublin, au Portrait de l’artiste en jeune homme, paru en 1917, aux extraits d’Ulysse, parus ici et là, en revue. Ces nouveaux amis ont pour nom : Sylvia Beach, qui tient la librairie anglaise de Paris Shakespeare and Co. Il y rencontre aussi Adrienne Monnier, sorte de prêtresse de la littérature française d’avant-garde, avec sa revue Le navire d’argent, qui va aussi le soutenir. Joyce va y trouver d’autres amis connus (Philippe Soupault) ou moins connus mais très importants pour sa vie quotidienne (Léon, russe exilé qui va l’aider jusqu’à sa disparition en 1940). Un personnage déjà haut en couleur, grand buveur également, créateur et Irlandais va bientôt faire partie des intimes de Joyce, au point de lui servir parfois de secrétaire. Il s’agit d’un jeune lecteur d’anglais à l’ENS, du nom de Samuel Becket. Il y rencontrera également Valéry Larbaud, auteur, critique, traducteur, amoureux de la littérature, qui est fasciné par Ulysse. Ce livre, énorme, révolutionnaire, paraît donc en 1922, à Paris, dans une édition de Shakespeare and Co, pour échapper à la censure anglaise (comme 30 ans après le sera la Lolita de Nabokov, pour les mêmes raisons). Le livre déclenche de suite la polémique internationale. Yeats, autre auteur irlandais, commence par dire, avant de se raviser que « c’est un livre de fou ». Joyce demande à Larbaud de le traduire le plus vite possible (Paris est alors la capitale des mouvements littéraires) mais celui-ci ne peut s’en charger seul et ils seront 5 à traduire Ulysse, sous le regard critique de Joyce lui-même (qui parlait et écrivait parfaitement le français, mais aussi l’italien, le danois, l’allemand...). Ulysse paraitra en français en 1929.

Joyce commence à gagner un peu d’argent (surtout des dons que lui font des admirateurs), qu’il continue à dépenser somptueusement, sans aucun souci du lendemain.

Dès la parution d’Ulysse, commence à écrire un livre au titre mystérieux, qu’il ne fera connaître qu’à sa parution et qu’en attendant il nomme « Work in Progress ». Des passages (encore plus déconcertants qu’Ulysse) seront livrés en revus (Anna-Livia Plurabelle, par exemple, en 1928). Ce sera finalement Finnegans’Wake, qui paraitra en 1939.

Un événement important est à noter sur le plan international : la création de l’état d’Irlande, en 1922. Joyce, qui soutenait le Sinn Fein est tt d’abord satisfait mais il estime vite que cette nouvelle Irlande est gouvernée par des gens étroits d’esprit, conservateurs sur un plan moral et censeurs, avec lesquels, lui et ses œuvres n’auraient rien à faire (cf. une parole d’un prêtre important politiquement : «l’Irlande sobre est une Irlande libre. »).Nora va d’ailleurs faire un séjour avec ses enfants dans sa famille alors que Joyce reste à Paris. Elle va se retrouver littéralement prise entre deux feux, lors d’un affrontement armé entre l’armée régulière d’Irlande du Sud et les rebelles de l’IRA. Joyce est fou de peur, lui demande de revenir au plus vite. Il estime que, là-bas, on voudrait le tuer ou le faire taire, pour sa prétendue immoralité. Il ne retournera donc jamais en Irlande mais en considérant, jusqu’à sa mort que l’Irlande est toujours avec lui (à quelqu'un qui lui demandait quand il rentrerait en Irlande, il répondit « je ne l’ai jamais quittée »).

b)     Une décennie douloureuse

Tout d’abord, ses enfants lui causent des soucis : Giorgio tente de devenir chanteur d’opéra et qui s’éloigne de lui. Après son mariage et la naissance de son fils, il part vivre pour un temps aux Etats-Unis, éloignement que le patriarche JJ ne supporte pas. La famille revient en France mais Hélène, la femme de Giorgio est hystérique.

Mais c’est surtout Lucia qui le préoccupe. Promenée de logement en maison, d’école en école et même de langue en langue depuis son enfance, la jeune fille, fantasque, qui fait preuve de talents artistiques certains, mais qui se cherche, adopte peu à peu un comportement bizarre. En fait, elle devient folle, ce que son père n’a jamais voulu accepter. Intéressé par certaines des idées de Freud (les jeux de mots notamment), il récuse globalement la psychanalyse. Il ne la fait soigner que très tard (dont d’ailleurs pendant un certain temps par Jung) et, comme pour les écoles, dans de nombreuses structures très différentes. Cela va assombrir ses dernières années et lui coûter des sommes très importantes.

Joyce lui-même a de nombreux problèmes oculaires graves et se fait opérer à de très nombreuses reprises, à Paris et Zurich. Il va risquer la cécité et, par dérision, va se comparer à Homère, l’auteur aveugle du 1er Ulysse ! Cette décennie est aussi celle de la mort de son père auquel James est resté attaché, seul de ses frères et sœurs.

Malgré tout, Joyce travaille sans relâche à Finnegans’Wake, qui paraitra simultanément à Londres et N-Y le 4 mai 1939, alors que les rumeurs de guerre affolaient Joyce, quant au risque que son œuvre passât inaperçue.

 

c) Les derniers mois

La guerre éclate effectivement. Stephen, le petit-fils de Joyce est élève dans l’école internationale tenue par Maria Jolas qui, avec son mari, sont des amis des Joyce. La mère d’un des élèves lui fait la proposition de se replier, avec son école, dans son château, au centre de la France, à Saint-Gérand-le-Puy. L’école y est transférée en octobre 1939 et les Joyce s’installent dans le village le 24 décembre 1939. Durant ces quelques mois passés dans l’Allier, la santé de Joyce se détériore et son moral aussi. Becket lui rendra visite, lui-même rendra visite à Larbaud, reclus dans son fauteuil de paralytique à Vichy.

Joyce essaie de partir pour la Suisse, mais de nombreux obstacles les freinent : Giorgio, en âge de combattre, peut être arrêté à tt moment ; les autorités suisses ont cru que Joyce était juif et qu’il tentait de joindre la Suisse frauduleusement : il faudra l’intervention d’intellectuels suisses (et le paiement d’une forte somme…) pour que les autorités suisses acceptent de le laisser entrer. Il faut en outre que les autorités françaises le laissent partir. Or, il a un passeport anglais et il n’y a plus de relations entre le régime de Vichy et l’Angleterre. Joyce va faire intervenir Giraudoux, ancien ministre, alors à Cusset. Après de multiples tracasseries, les Joyce quittent Saint-Gérand le 14 décembre 1940, soit après presqu’un an. Ils arrivent à Zurich le 17.

Mais, le 11 janvier, Joyce est opéré d’un ulcère au duodénum perforé et meurt le 13 janvier 1941 à 58 ans.

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